La nuit. Ça me plait parfois. La nuit. C’est mystérieux, doucement excitant, ça rime avec charme et séduction, c’est légèrement inquiétant, pourtant si attirant. La nuit. Ça me plait de temps en temps…
Mais bordel, pas quand ça dure deux semaines ! Je ne compte plus les jours. Si certains ne cessent de cocher les nuits passées en pensant que le chiffre est un signe à noter – et ne jamais oublier – qui fera avancer nos recherches sur ce tordu, moi je m’en tape sérieusement. Je ne suis déjà pas certain que les deux soient liés. L’assassin et les nuits. Et puis en plus, il me parait plus logique de ne parler que d’une seule nuit. Une nuit qui s’étire, s’allonge, s’accroche éperdument à notre réalité pour nous en détacher. Prendre notre place. Nous rendre fou. Je ne sais ce qu’elle cherche, mais moi je ne supporterais pas ça plus longtemps ;

La nuit. Nous y sommes plongés même ici, devant ce lac réputé. Que dis-je ! Légendaire. La nuit et ses reflets bleus, angoissants, qui ne me donnent plus aucune idée charnelle à l’heure actuelle. Pour une fois oui, je crois que le soleil – ne serait-ce que la clarté des nuages chargés de pluie – me manque.

Baby et moi nous sommes donnés rendez-vous ici afin d’approfondir nos recherches sur le Gamer. Pauvre nom à la con, en plus. Je crois qu’une autre personne doit se joindre à nous, puisque nous sommes nombreux à vouloir nous improviser enquêteur : autant ne pas refuser un coup d’main !
Pourtant j’ai du mal à travailler en équipe. Baby je peux faire une exception – ce sera une façon de la brosser dans le sens du poil pour la rallier à ma cause, sans mauvais jeu de mots uhu. Mais les autres, je rechigne déjà à l’idée de voir un(e) inconnu(e) se pointer. Un sorcier ? Un loup ? Un vampire ? Un moldu ?...
Tous me dérangent. Les moldus sont des incapables – quand ça m’arrange, je suis fils de sorciers vous remarquerez, bien que je ne sache user de magie – les loups puent trop pour qu’on soit discret, les sorciers sont des enfoirés c’est bien connu quand aux vampires ; brr. Des sadiques.

« …Et si le monstre fait son apparition aujourd’hui, ce serait la cerise sur le gâteau. »

Bah, il n’existe pas de toute façon.
Je me laisse tomber sur un tronc d’arbre mort, posé là en travers, à environ cinq mètres de l’eau à peine. J’aime entendre ces douces vagues danser tranquillement. C’est apaisant. Reposant. L’eau peut être l’élément le plus meurtrier et pourtant, fourbe, il vous séduit en feignant l’innocence avec talent ;
Une lampe accrochée à la ceinture, un large couteau contre le tibia, un revolver dans le bas du dos. J’attends.

Je n’ai entendu les bruissements de l’herbe sous ses pieds que tardivement. Elle était déjà presque à ma hauteur en fait, quand je me suis levé. C’est là qu’elle a prit sa parole et il ne m’a pas fallut très longtemps pour avoir cette pénible impression. Cette étrange peur du souvenir. Une appréhension tenace et inquiétante ;
Qui est cette femme ? En lui faisant face je ne perds pas une seconde et je l’observe sous toutes les coutures – pour ainsi dire – et en déduis sans difficulté qu’il s’agit d’une sorcière.
Qui d’autre a la prétention de se vêtir ainsi ? Comme si nous étions figurants dans un film moyenâgeux, ou datant de la renaissance. Je ne suis pas très bon en histoire…et puis la capuche, comme ça, c’est un style bien à eux qui pour le coup n’a aucune classe !

J’ai beau chercher toutes les vannes du monde pour m’occuper l’esprit et ignorer mon anxiété, elle est toujours là. Tenace. Barbante. Etouffante.
Il est vrai que je crains les sorciers, je les ai vu agir plus d’une fois – en bien ou en mal – et ils peuvent être doués. Meilleurs que moi et mes armes car la magie est un atout non négligeable, quand on sait s’en servir. Mais de là à craindre la présence d’une sorcière, venue exprès pour s’associer à moi ? Je deviens parano…parano, ou borné : il faut que je me fasse à l’évidence.
Je connais cette femme.

« Evely ! »

Dis-je dans un pas de recul au moment ou le capuchon qu’elle retire s’écrase souplement dans sur ses épaules. Ma mâchoire se contracte, mon cœur se resserre et il faut rapidement se rappeler d’être le chasseur, le combattant, le mercenaire qui vient s’associer aux pires créatures pour rendre service à toutes les races et….Evely. Bon sang… est-il permit d’être aussi belle ? De ne prendre au temps que les qualités de l’expérience, la force du vécu et la finesse des épreuves ?
Son regard néanmoins est, presque différent. Je peine en tout cas à le reconnaitre. Peut être le manque de lumière en ces lieux, peut être la rancœur qu’elle me porte immanquablement.
Gêné, troublé, je m’approche d’elle en esquissant un sourire maladroit. Ne sachant pas si je dois lui tendre la main, l’embrasser ou la prendre dans mes bras, je préfère attendre qu’elle décide pour nous.

« C’est…en effet une drôle d’ironie mais, je suis content. » J’acquiesce pour confirmer et renforcer mes propos avant de l’interroger d’un mouvement du menton. « Comment vas-tu ?! Je ne savais pas que tu étais impliquée dans ce genre de mission. »

Si je savais dans quelles autres missions elle trempe, de quelles autres sales affaires elle tire les ficelles ! Je ferme les yeux sur tout ça. Je refuse d’imaginer des choses, de laisser mes idées de parano m’embrouiller. Elle est là, elle semble en pleine forme…c’est rassurant ;

Comment ?
J’avais préparé, en cinq secondes, quelques phrases à lui donner. Quelques répliques polies, en réponse à ses potentielles questions, sans pour autant m’étaler sur ma vie. De toute façon je n’ai rien à dire, ma vie est loin d’être palpitante et je détesterais qu’Evely me voie comme un looser… Il faut s’assumer ? Soit. Mais pas devant elle. Pas devant cette femme que j’ai aimé, cette femme que j’aimerais probablement toute ma vie.
Si j’avais donc anticipé quelques réponses à donner : je n’en ai pas l’occasion et son attitude me scotche littéralement. Collée contre moi, si chaleureuse, tendre et ouverte, je ne la reconnais pas. Oh bien sûr nous avons été bien plus proches que ça, seulement la Evely que j’ai quitté il y a neuf ans, je ne l’oublierais jamais. Si froide, si dure, si intransigeante dans ses paroles ;
Elle souffrait tellement qu’elle se transformait…aurait-elle fait son deuil ? S’est elle attendrie à nouveau ?

« Tu…tu m’as manqué aussi. » Et tu me manques encore. Si elle savait. Pourtant elle a raison en me rappelant le pourquoi de notre présence ici. Difficilement je retire mes mains de son dos et acquiesce, faisant mine d’observer le lac. « Oui, bien sûr. Exécutons notre tâche au mieux et ; peut être qu’après, si tu as le temps… »

On verra plus tard. Embarrassé, si ému en réalité, je me détache et fais quelques pas en arrière comme si j’avais besoin d’une préparation physique et psychique pour pouvoir me lancer là dedans. Finalement après quelques secondes de blocage complet, je m’empare de mon couteau et soupire.

« On va peut être attendre la troisième personne avant de partir, mais ça ne nous empêche pas de partager nos idées. Tu penses qu’on peut trouver le Gamer ici ?...La presse parle énormément de lui, toutes les presses…j’imagine. Faire un crime aux alentours de ce fameux lac peut être un bon coup de pub pour ce type qui cherche à faire parler de lui, j’imagine qu’on peut en effet le croiser par là. La question reste aussi complexe : où ?! Les premières habitations sont plus loin. Tu penses qu’on doit s’en rapprocher ? »

Me plongeant dans mon rôle de chasseur, de pseudo enquêteur, j’essaye ainsi de nier toutes mes appréhensions, mes interrogations concernant cette femme que j’avais demandé en mariage. Avec laquelle je me voyais vieillir, fonder une famille, bâtir des projets à n’en plus finir ;
Ce n’est pas l’heure d’analyser nos erreurs ou décisions passées. Pas encore. Mais c’est si prenant.

« Je propose qu’on aille vers les maisons les plus proches. Le Gamer a besoin d'une victime, le monstre du lac ne doit pas trop l’intéresser. J’ai emporté une carte des lieux. »

Mais où est la troisième personne ?!

Je me lance *.*

Le membre 'Évely M. Black' a effectué l'action suivante : Lancer de dés

'Mission 1' : 10

Mission annulée vu qu'Aodhan a décidé de mettre les voiles.
Comme on n'est pas des chacaux - - Evely gagne quand même vingt aeons et trente points pour la Ligue.