Once upon a time "Qui êtes-vous ?" Un rond de fumée s'échappe des lèvres rouge carmin qui s'étirent en un sourire nostalgique et rêveur.
"Qui je suis ... Avec le temps, je crois que je l'ai oublié."Le temps, fourbe invention divine. Il passe et continue son envol sans se soucier de rien. Il ne s'arrête jamais. Et pour la belle créature, il continue encore et encore. L'éternité, belle invention mais est-ce une vie ? Ses jambes blafardes se décroisent et défilent devant l'homme prostré et terrorisé. Et pourtant, elle était d'une beauté à rendre jalouse la déesse Aphrodite. Peut être était-ce pour cela qu'elle errait dans les âges sans but, sans vie, sans plus jamais pouvoir sentir les rayons du soleil sur son corps. Elle passe devant lui et une envie soudaine la saisie à la gorge, pulsion meurtrière et sanguine, mais elle la chasse comme une mouche agaçante tournant autour d'un plat chaud dont elle ne pourrait plus jamais saisir le goût.
Une frustration éternelle depuis qu'elle a subi le baiser de l'immortalité. Quand était-ce déjà ? Son doigt coure sur les livres, cherchant le premier tome d'une collection qui n'en finirait jamais ou par son meurtre. Rapide, bien trop pour l'oreille humain, elle donne l'impression de flotter tel un ange. Oh oui, un ange, elle en a l'apparence, mais au fond, le démon l'habite. Ça y est, son doigt s'arrête sur un livre qui parait très ancien à en voir la couverture brune et abîmée avec des pages jaunies et entièrement noircies d'une écriture calligraphique. Sa main blanche caresse avec tendresse la couverture et dévoile la première page, lisant alors l'inscription à voix haute pour son unique spectateur.
"Je m'appelle Evangeline et voici le début de ma non-vie."Ça y est, Evangeline se souvient du moment même où elle avait inscrit ces mots, mais avant, elle avait une vie. Et cette bien elle s'en souviendra éternellement car elle est gravée au fer rouge dans sa chair tendre, une marque qui n'avait pu s'effacer lors de sa transformation. Instinctivement, ses doigts virent caresser son épaule, suivant le tracé de cette fleur royale et qui pourtant était symbole de sa déchéance. Et pourtant, certaines choses restaient floues, il ne restait que des flash. Tant mieux. Il fallait oublier ...
[..]
Sa naissance, comment pouvait-elle en avoir un seul souvenir, et pardonne n'était la pour lui raconter qu'elle était leur cadeau du ciel, un bonheur qui avait mi neuf mois à arriver. Non, on l'avait tout simplement abandonné à l'aube de ses premiers jours. Est ce que sa mère était morte en couche ? Est ce qu'elle ne voulait pas d'elle, est ce qu'elle l'avait vendu ? Aucune information, et ce n'était pas la maquerelle qui lui aurait donné une info. Oui, vous avez bien entendu, maquerelle, plongée des la naissance dans le monde de la prostitution. Bien entendue, rien ne se passa avant qu'elle ait atteint un certain âge car heureusement, elle n'avait pas fini dans les maisons d'abatages de Paris. Non, la maison de Madame le tenancière était du genre luxueuse, il arrivait même parfois que des gens de la cour viennent leur rendre visite. Car oui, sa vie se déroulait dans cette époque moderne de l'ancien régime.
Quel avantage pour un maison close d'élever un bébé ? Sachant qu'il s'agissait d'une fille, elle aura des dettes pour toutes ces années d'éducation. Elle se plaisait plutôt bien dans ce monde, les filles étaient gentilles avec elle et quand elle était enfant, elles aimaient la prendre dans leurs bras. Et puis elle grandit. On lui avait donné le nom d'Ange pour cette magnifique chevelure dorée qui avait poussé sur sa tête enfantine. Elle grandit encore, aidant à faire le ménage, la cuisine et autres tâches mais allant se coucher la nuit. Cependant, malgré son jeune âge, elle savait très bien ce que les hommes venaient faire ici. Les filles ne lui cachaient rien, plutôt elle saurait, mieux ce serait.
Et puis, elle eut 15ans. La jeune fille commençait à devenir femme et ses petites apparitions la nuit attisaient la curiosité et l'envie des habitués. Il n'en fallu pas plus pour la maîtresse de la maison pour ouvrir une vente aux enchères. Mais vendre quoi ? Cela semble évident, la virginité de la toute jeune femme. Heureusement, une fois encore, les filles étaient là pour la rassurer. E fut une expérience humiliante, douloureuse tant physiquement que moralement. Même si ce moment devait arriver un jour ou l'autre, jamais Ange ne pensait que cela ferait aussi mal.
Elle se tenait là, debout sur une estrade, vêtue légèrement pour cacher ses formes mais aussi pour laisser tout le loisir aux hommes d'imaginer ses courbes. Elle se souvient de ce moment gravé au fer rouge dans sa mémoire. Et le sang coulant sur les draps. L'acquéreur n'y était pas allé de main morte, ne se préoccupant que de son plaisir, ne pensant pas à la douleur de cette première fois.
Le reste de sa vie fut une succession de relation, cherchant à payer ses dettes à tout prix pour sortir de cet enfer. Les clients se succédaient et même si elle était fatiguée, elle continuait tout d emmené, cette rage de s'en sortir étant plus forte que tout. Et puis ce fut l'avènement de Louis XVI. La fin de tout, le siècle des répressions. Les lanternes rouges fortement déconseillés, les prostituées emmenées par les forces et emprisonnées et marquées. Marquée de cette fleur de lys humiliante, tel fut le sort de Ange qui attendait la suite enfermée dans un cachot sombre et humide. Pas une seule larme. Personne n'avait le droit de les voir.
Combien de temps ? Elle ne saurait le dire. En tout cas, son libérateur vient à ce moment. Il n'était qu'une voix suave, tentatrice. Au début, ils ne faisaient que discuter, il cherchait à comprendre son histoire. Il promit de l'aider. Et il tient sa promesse, arrachant les barreau de sa cellule, l'emportant avec lui dans la nuit froide de l'oubli. Il l'emmena loin, très loin. À l'abri. Il était étrange, mais elle s'en foutait. Il l'avait libéré. Il était si froid, et pourtant si doux avec elle, si blanc, comme un mort sortit de sa tombe, et pourtant si beau.
Le mystère resta entier pendant une année entière ou elle apprit à vivre, et surtout à aimer. Oui, Ange l'aimait. Elle pourrait faire l'amour avec lui pendant des nuits entière, le regarder sans jamais ciller, sentir ses mains sur son corps pour l'éternité. Mais qu'est ce que l'éternité ? Pour une humaine, juste une simple minute excessivement longue. Mais pour lui ... Il parlait de plus en plus d'une vie longue, où rien ne pourrait les arrêter, où ils traverseraient les âges, ensemble sans que rien ne change. Ange accepta. Elle ne pouvait rien lui refuser. Et le voile se leva.
[...]
Un bruit, la jeune femme revient à la réalité et peut voir cet humain essayant de s'enfuir. Il ouvre la fenêtre mais d'une main, elle la referme brutalement, faisant voler en éclat la vitre, éparpillant des dizaines d'éclat de verre dans le salon. Certains vinrent se planter dans sa chair tendre et glaciale, faisant perler quelques gouttes de sang.
"Tu essayais de partir, mon cher ami." Il secoue la tête négativement, effrayé comme jamais.
"Tu t'es invité chez moi sans autorisation, la moindre des choses est d'écouter mon histoire jusqu'au bout." Sa main saisit son cou et elle l'oblige à se relever avant de l'envoyer brutalement sur le sofa. Qui aurait pu penser qu'une jeune femme aussi petite et fine pouvait avoir une telle force. Un démon sous une apparence d'ange. D'ailleurs, elle n'avait toujours pas réellement commencé, perdue dans ses souvenirs les plus anciens.
"Mon amour, il est temps." Les paupières se soulèvent brusquement, dévoilant des iris d'un rouge éclatant frisant le bordeaux. Elle prend conscience, elle est enfin née. Il la porte telle une princesse sous la lune blafarde et ronde pour seul spectateur. Ils se sourient et échangent un baiser long et langoureux. Ange n'a pas peur de cette nouvelle vie, de ces sensations qui l'animent, de cette nouvelle vision des choses. Elle n'est pas seule. Elle a Ezechiel. Ce vampire charmeur qui a su bercer son cœur d'enfant, qui a su faire de cette prostituée une véritable princesse. Une nouvelle vie. Adieu Ange, il a fait d'elle Evangeline Rosa McFearsten, femme bien aimée de Ezechiel McFearsten. Kitsch ? Gnangnan ? Peut être, mais l'amour pour deux êtres comme eux était une chose merveilleuse et éternelle.
Mais si les belles choses de cette vie semblaient évidentes, certaines choses commencèrent à lui manquer horriblement. Le goût d'un bon vin, les senteurs d'un bon pot au feu. Plus rien, aucune saveur. Et le soleil, cet astre sublime. Une fois, elle avait voulu essayer de retourner pour sentir ne serait-ce qu'une seconde les rayons du soleil sur son corps. Horrible douleur et souffrance, cette impression de brûler vive. Ezechiel était la pour la ramener dans cette obscurité qui commencée à peser sur son âme. Et pourtant, ils vivaient bien, dans le luxe et la luxure, allant parfois à la cour pour se délecter du sang royal. Celui de Marie Antoinette avait d'ailleurs un petit goût sucré tout à fait agréable, emplie d'une jeunesse enfantine, une innocence mal placée dans ce monde cruel des grands hommes.
Le XVIIIe siècle passa plutôt rapidement, les deux vampire ses complaisant dans ce monde libertin qui leur saillait si bien. Surtout elle qui avait vécu dans le commerce du sexe. Le faire sans entrave, juste vivre, c'était tellement plus ... Délicieux. Evangeline se délectait de lectures interdites telles les liaisons dangereuses de Laclos ou encore les écrits du marquis de Sade. Magnifique. C'est à ce moment qu'Eva décida d'écrire, d'écrire sa non vie. Les souvenirs de cette toute nouvelle vie étaient encore bien présents dans sa tête, si bien qu'elle passa des heures enfermée dans son cabinet, noircissant des dizaines de pages. Son Sire l'encourageait, trouvant l'idée intéressante pour ne pas oublier, pour ne rien oublier. Ils profitèrent encore pendant quelques années de la capitale française avant de se décider de partir à l'aventure.
C'était tellement excitant. Elle qui n'avait jamais pu franchir les murs de la maison close, la voilà voguant sur les océans, franchissant des dizaines de frontières. Italie, Espagne, Allemagne, les Balkans, la Russie. Ce fut dans ce dernier où ils passèrent le plus de temps. En effet, la météo jouaient en leur faveur, leur octroyant bien plus de jours sombres que dans les autres pays, et puis leur peau pâle était une chose habituelle puisque le soleil faisait cruel défaut dans ces régions slaves. Et ce fut l'essor de leur légende également avec plusieurs cas qui devinrent mondialement connu, comme ce cher comte Dracula. Un homme très charmant soit dit en passant. Evangeline aimait cette communauté vampirique qui se formait petit à petit, jusqu'à rencontrer les rois et reines de ces domaines, leurs seigneurs.
Alors que les révolutions industrielles et les guerres se succédaient, eux, ils vivaient. Jusqu'à ce qu'il la laissé seule. Il avait failli révéler leur grand secret, leurs faiblesses à ces êtres humains. Par son envie de vivre, sans règle ni loi, il s'était attiré les foudres du roi vampire de Moscou. Son châtiment ? Un pieu de bois dans le cœur. Evangeline n'avait jamais pleuré, ce fut la seule et unique fois. Des larmes de sang coulèrent pendant des nuits entières sans jamais se tarir. Et elle, elle restait seule, en vie. Ils avaient décidé de l'épargner à condition qu'elle quitte le pays. Vis, Eva. Vis. C'était là les derniers mots de son sire.
[...]
"Rien de repenser à lui ..." Ses yeux brillent d'une lueur rougeâtre, prêts à verser ces larmes de sang qui ne demandaient qu'a s'échapper. Son regard se relève vers son auditoire, vers cet homme qui a présent l'écoutait sans perdre une miette de son récit. Evangeline sourit, furtivement avant d'allumer une autre cigarette.
"Je ne vous en propose pas. Moi je ne risque plus de mourir d'un cancer des poumons, de mourir tout simplement ... Sauf si vous me plantez un pieu dans le cœur ou si je me retrouve exposée au soleil." Elle rit un peu jaune, s'installant un peu plus confortablement dans le fauteuil qui trônait près d'une cheminée. D'ailleurs, pourquoi en allumer un puisque la chaleur et le froid ne l'atteignaient plus ? Rien que pour voir ses flammes danser dans l'âtre, danser pour ces deux êtres, l'un vivant, l'autre mort.
"J'ai alors suivi ses conseils et j'ai quitté la Russie pour l'Angleterre."[...]
Ha, l'Angleterre. Un souvenir étrange. Et surtout des rencontres surprenantes. Les sorciers. Sa soif de découvrir toujours plus de choses l'amena sur le chemin de Pré-Au-Lard, un village hors du temps qui n'accueillait dans des sorciers ou des créatures comme elle. C'était bon de ne pas se cacher aux yeux d'autres personnes, surtout des humains. Cependant, elle pouvait lire dans leur regard une certaine peur. Il pouvait. Il devait. Les vampires n'étaient pas réputé pour être des tendres et Evangeline avait eu des périodes très sanglantes, surtout après la mort d'Ezechiel. Mais depuis, elle se contient, préférant boire quelques gouttes et effacer les mémoires de ses victimes. Une certaine compassion ? Peut être, mais tuer commencer à la répugner, à vrai dire elle préférait s'occuper de cas plus ... Radicaux comme les criminels, les sadiques, les violeurs, les pervers, les indignes.
Et pourtant, cela ne suffit pas à se faire bien voir. Ils font peur. Bien que solitaire et sans attaché, elle faisait quand même partie d'une race qui prit part aux agissements de Grindelwald, de Voldemort lors de sa première vie, ainsi que dans sa seconde. Des tueurs sans âme. Angel choisit alors de disparaître, de s'immiscer dans le monde des simples moldus pour vivre le plus normalement possible, comme une simple humaine. Serveuse dans un bar, danseuse de cabaret, chanteuse de rues ... Au début cela ne volait pas très haut, et surtout cela pouvait durer des années ... Et il valait mieux pour elle de changer de destination. Un femme dont l'apparence ne change pas malgré les années, c'est louche tout de même. Et puis, elle atterrit dans le monde de la célébrité. Un homme l'avait repéré pour sa beauté angélique et avec sa chance, cet homme était également un vampire qui devint en quelque sorte son manager. Quelques photos et la voilà défilant sur les marchés d'un podium, enfilant les plus belles tenues qui soit.
Quelle nouvelle vie excitante. Une impression de revivre. Mais comme tout, cela ne pouvait durer. Dix ans tout au plus, et puis elle disparut dans un accident de voiture. Et puis elle devint Marcia Melcidia, critique de mode. Ses articles et sa prose un peu ancienne était autant aimée que détestée. Elle mourut quinze ans plus tard d'une crise cardiaque, elle est enterrée à Londres. Jessica Olmera, actrice capricieuse allergique au uv. Brillante carrière également sous les feux des projecteurs. Trois ans plus tard, elle trouvait la mort dans un incendie qui ravagea sa maison à Godric Hollow.
Jamais la même chose, jamais la même identité, jamais vraiment la même tête. Il était facile de changer d'identité. Une perruque de cheveux, des lentilles de couleur, des expressions différentes. Certains aimaient à dire qu'elle ressemblait à ses anciennes identités, et elle riait en disant que dans le monde, on pouvait trouver notre propre sosie. Et même si elle vivait dans son petit monde, elle ne ratait pas une miette de ce qu'il dépassait dans le monde magique, sans y prendre part. Et puis, il y eut la grande révélation, la grande libération. Se montrer même au yeux des moldus, exercer le métier de mannequin sans avoir peur que le secret de sa race ne soit révélé.
Mais le début ne fut pas tout rose. Alors qu'elle croyait que tout serait plus simple désormais, la ligue fit son apparition tout comme la confrérie qui s'en prit aux créatures magiques, et qui s'en prit à elle qui devenait une célébrité vampirique connue de tous. Un exemple ? Il ne se doutait pas de sa cruauté, de son expérience, ni de son âge. Ils auraient du mener une attaque avant de se jeter dans la gueule du loup. Quatre sorcier périrent cette nuit la. Sa méfiance envers les sorciers naquit lors de cette attaque, et elle ne fit que s'amplifier lorsqu'elle vit ses congénères se faire attaquer, tout comme elle. C'était le moment de choisir un camp : la ligue. Pour l'instant, son rôle est minime, infime, mais elle y prend part. Elle se protège, la petite Angel. Mais pourrait-elle tuer un sorcier, comme ça ? Sans connaître son histoire ni ce qu'il a fait ?
[...]
[color:f239=#aeeeoo]"Vous allez me tuer ?" Le mégot de cigarette s'écrase dans le cendrier et la belle se déloge du fauteuil, marchant jusqu'à la fenêtre et contemplant ce magnifique jardin sous les rayons blafard de la lune.
"Je n'en sais rien."