Albana comme Albanie, ce n’est pas un hasard. C’était un symbole pour ses parents qui se battaient contre les envies d’occupation grecques, serbes et monténégrines quand elle est née. Les Albanais finirent par acquérir leur indépendance en mai 1913, mais la guerre grondait. Rien n’était certain, mais son père ne le sentait pas. Grâce à des membres de la famille paternelle américaine, ils purent facilement émigrer aux USA à Washington. Peu de temps après la guerre finit par exploser comme l’avait prévu son père et dès que l’Etat américain ouvrit les recrutements de son armée, son père se porta volontaire. Il mourut à la guerre en Europe. Sa mère ne travaillait pas, elle dut apprendre à le faire. La famille aida, mais pas grand chose, elle n’était pas richissime non plus.
Sa mère était loin de son pays, sans mari, elle travaillait dur très dur, elle n’avait plus que de réconfort dans Dieu. Albana apprit à lire, à écrire et à compter grâce à la Bible, jamais elle ne mit un pied dans une école, ses seules sorties étaient réservées au catéchisme et à la chorale religieuse. Alba avait une voix d’ange selon sa mère, elle aimait l’écouter chanter. Sa mère espérait la voir entrer dans les ordres quand elle serait assez grande, elle n’avait pas assez d’argent pour lui payer des études et il n’y avait que Dieu qui offrait de la satisfaction. Alba grâce au chant n’avait cependant pas du tout envie de finir religieuse, tout le monde lui disait que sa voix était un miracle et dans sa tête elle se faisait des films. Chaque fois que sa mère travaillait elle écoutait des radios à la mode et s’imaginait être une de ces chanteuses adulées qu’on passait en boucle.
Heureusement Alba n’était pas complètement sotte et ne parla jamais de ce projet, chaque jour elle lui assurait avec la plus grande hypocrisie que seul Dieu comptait. Elle eut dit la vérité, elle était certaine que sa mère l’aurait enfermé à la maison, lui interdisant la chorale. C’était la seule chose qui la faisait tenir. Dès qu’elle aurait 18 ans elle partirait songeait-elle. Jamais elle ne parla à quiconque de son projet, jamais elle ne l’écrivit quelque part. Alba avait trop peur que son secret soit découvert, certaines scènes de son enfance l’avaient persuadée que sa mère était folle. Il ne fallait surtout pas la contrarier.
Alors qu’elle avait 17 ans, sa mère lui annonça avec un grand sourire que toutes ces années de sacrifice avaient payé. Elle avait enfin la somme pour lui payer des cours de latin, c’était malheureusement sur les heures de chorale, mais ce n’était qu’un petit sacrifice. Alba opina et partit se coucher, le lendemain adorable elle prépara le petit déjeuner de sa mère, lui souhaita bon courage et sitôt qu’elle fut partie elle vola la moitié des économies de sa mère pour s’enfuir. Heureusement elle était très grande, elle faisait plus mature que son âge, malgré ses formes peu développées. Sans problème elle put prendre le train pour New-York, soulagée et la tête dans les étoiles.
Quelque mois plus tard, toujours mineure, mais désenchantée elle perdait sa virginité dans les bras d’un homme qui aurait pu aisément être son père. Salvatore Maranzano 43 ans, l’avait tout de suite trouvé à son goût, pourtant elle n’avait rien de franchement particulier, elle était plate, n’avait pas les yeux bleus, ni les cheveux blonds, mais sa putain de voix l’avait fait vibrer lui avait-il murmuré dans le creux de l’oreille. Au départ il voulait juste lui offrir une clope et un verre de champagne lui assura-t-il. Alba n’avait pas osé dire non, elle ne savait même pas qui était cet homme. Elle ne savait pas qu’il serait le chef des chefs. Le long de la soirée, l’alcool coulant à flot il avait commencé à la tripoter, elle était tétanisée quand il l’avait pris par le bras elle n’avait rien osé dire non plus. Du coin de l’œil elle venait de remarquer que tous ses amis étaient armés. Bref comme une idiote elle était devenue une de ses maitresses s’en rien avoir pu faire.
Elle n’était pas la seule, mais il l’aimait bien, il lui offrait des robes hors de prix, des choses qu’elle voyait sur ses chanteuses préférés, sauf qu’elle chantaient pour les avoir, elle se contentait d’écarter les cuisses et de chanter là où son amant le voulait. En quatre mois elle devint une grosse fumeuse, ce n’était pas bon pour sa voix, elle perdait du souffle et peu à peu le mafieux se désintéressait d’elle. Voyant ça elle se mit à fumer encore plus jusqu’à qu’un jour une fille la prévienne. Si elle ne l’intéressait plus, un homme de main ne finirait soit par la tuer, soit elle finirait dans le réseau de prostitution mafieux New-Yorkais. Aucune des deux solutions ne la tentait. C’était franchement un cauchemar. Elle tenta d’arrêter de fumer.
C’était dur, mais elle réduisit sa consommation, sa voix retrouva du tonus, son amant de l’intérêt pour elle, mais mis à part survivre ça lui servait à rien. Tôt ou tard elle prendrait des rides, une autre fille le ferait vibrer, puis elle ne voulait pas de cette vie. Albana voulait juste passer à la radio, juste une fois dans sa vie, elle serait heureuse, puis elle verrait ses ambitions à la baisse elle promettait. C’était peut-être parce qu’elle avait trahi Dieu qu’il la punissait ainsi. Toute sa vie elle avait menti à sa mère, elle était affreuse. Elle était un monstre. Tout ça ce n’était pas le hasard, elle le méritait. Ce délire religieux s’imposa rapidement en elle comme la vérité. Plusieurs soir elle tenta d’écrire à sa mère, toujours elle jeta son brouillon.
Un soir où son mafieux était avec une autre de ses cocottes, au bar où elle chantait le plus souvent un mystérieux homme l’aborda. Il commença à la draguer, du moins c’est ce qu’elle pensait, il parlait de sa voix, de son regard mélancolique comme les paroles de sa chanson. De bien joli mot et il était pas mal, plus jeune que Salvatore, l’air plus doux, un romantique. Si ça se trouve il était vraiment amoureux d’elle le fou. Il fallait le prévenir, que la toucher c’était pas recommandé pour rester en un seul morceau. Ou peut-être qu’il pouvait la sauver ? Son cœur s’emballa à cette idée saugrenue. Peut-être qu’il l’amenait loin d’ici. Il était riche ça se sentait, rien que sa montre, le tissus de son tailleur, il était blindé. Soudainement il lui demanda son âge, automatiquement elle mentit, elle avait 18 ans, l’homme fronça les sourcils et demanda si c’était vrai. Sans comprendre pourquoi la vérité franchit ses lèvres sans qu’elle ne puisse rien y faire.
Le soir même elle le suivait, ce n’était pas bon du tout, pas sérieux, agir sur un coup de tête jusqu’à présent ça ne lui avait pas très bien réussi. Pourtant franchement comment sa vie pouvait être pire que ce qu’elle était déjà ? C’était ce qu’elle se disait. Sa chambre d’hôtel était grandiose il lui proposa un jus de fruit, même pas un verre d’alcool, cela l’apaisa ça prouvait qu’il voulait qu’elle ait l’esprit clair. Calmement il lui prit les mains et lui jura qu’il ne lui ferait pas le moindre mal. Alba eut un sourire, franchement sur le coup elle n’avait pas su si elle devait le croire. L’homme s’écarta et se présenta enfin, c’était vrai qu’il l’avait pas fait et elle ne l’avait même pas remarqué. Son allure calme avait quelque chose d’hypnotisant. L’homme s’appelait Tancredi Vespucci, encore un Italien songea Alba, elle avait la côte avec les hommes du Sud.
La suite la fit franchement éclater de rire et franchement cela faisait des mois que cela ne lui était pas arrivé. L’homme en face d’elle lui déclara être un vampire, ok elle était tombée sur un grave pervers. L’homme ne se démonta et soudain de sa bouche jaillit des crocs. Alba se mit à hurler, mais l’homme en un instant était déjà là pour la bâillonner, il avait une force terrible. A cet instant elle sut que c’était la vérité. Mais avant il lui avait menti, il lui avait dit qu’il ne lui ferait pas de mal, mais il allait lui sucer le sang. Apaisant il lui caressa les cheveux de sa main libre et lui assura une nouvelle fois qu’il n’allait pas lui faire de mal, qu’il était repu et qu’il ne fallait pas crier quand il enlèverait sa main. Quand il le fit elle ne l’écouta pas et lui l’air désespéré la bâillonna de nouveau. Résigné il lui ordonna de ne pas hurler et quand il recula, pas un son ne sortit de sa gorge malgré toute sa volonté.
C’était un véritable démon. Il fallut bien une heure pour la convaincre qu’il ne l’était pas. Plus jamais elle ne serait le jouet de Salvatore, ni de personne. Devant Dieu il lui jura. Il pouvait l’amener là où elle voulait. Loin d’ici fut sa seule réponse, cela le fit sourire. Il lui demanda si elle avait faim, pour la première fois depuis des semaines elle avait faim, ses joues étaient émaciées, les rondeurs de l’enfance s'étaient toutes envolées, ses pommettes saillantes triomphaient. Les semaines qui suivirent en Europe elle reprit du poids, mais son visage ne changea plus.
Tancredi l’emmena réellement partout où elle voulait, il ne lui refusait rien et ne la touchait pas, mis à part pour caresser ses cheveux comme un père l’eut fait avec sa fille. D’ailleurs c’était ce qu’ils disaient être à tous les gens qui pouvaient leur demander. Il ne se contentait pas de l’habiller, de la nourrir et de la distraire, il l’éduquait. Langue étrangère, chant, histoire, il la transformait en vrai Lady.
Chaque jour elle regardait le lever du soleil, elle savait qu’un jour elle ne le verrait plus, ça faisait partie du contrat entre eux, un jour elle aussi serait une vampire. Si il lui avait annoncé la première nuit elle aurait angoissé, avec sagesse il avait attendu qu’elle le côtoie quelques mois. C’était un homme formidable, sage, toujours calme. Le seul sujet qui parvenait parfois à le fâcher, c’était les sorciers. Cela n’étonnait pas Alba, elle lisait la gazette du sorcier et régulièrement les vampires étaient traités comme des monstres. Son Cred elle l’aimait comme une petite fille aimerait son père, elle le trouvait parfait.
7 années passèrent, elle avait presque fait le tour du monde, ils étaient en Ecosse quand son maitre lui annonça qu’il allait lui présenter son père. Alba savait ce que ça voulait dire. Elle demanda un dernier lever de soleil, il lui fut accordé. Elle passa la journée en pleine air, se gorgeant du moindre rayon avant la nuit infinie. Le soir elle était un peu fatiguée mais prête. Le père de Tancredi était un petit blond ayant l’air plus jeune que Cred, quand il la prit dans ses bras, elle remarqua qu’il était plus petit qu’elle. Ses joues froides embrassèrent sa joue et sans hésiter Albana lui rendit son baiser. Le vampire était intimidant, il avait plus de mille ans elle le savait.
Ils mangèrent tous les deux, du moins elle mangea, lui ne faisait que lui parler, il posait des questions auxquelles elle répondait avec toute la franchise possible. Si Cred était calme Caius était incompréhensible, les traits de son visage semblaient presqu’avoir oublié les émotions. Elle n’arrivait pas à savoir s’il était gentil, curieux, mécontent, ennuyé, il ne laissait rien deviner de ses pensées. C’était vraiment troublant. A la fin il la laissa prendre le dessert seule, il lui posa de nouveau un baiser sur le front et lui avoua avoir été ravi de faire sa rencontre. Cela lui fit froncer les sourcils, elle n’avait pourtant pas le sentiment d’avoir fait grande impression. Néanmoins bien élevée elle le remercia avec un chaleureux sourire. Quand il partit elle se sentit bizarre, Tancredi finit par revenir et il l’invita à s’installer sur le canapé.
Il mordilla son propre doigt et la porta aux lèvres d’Albana. Parfaitement confiante elle entrouvrit les lèvres, elle eut à peine le temps d’aspirer une goutte, qu’il retirait son doigt et la mordait pour lui pomper le sang. Elle ne se sentait pourtant pas trop mal, c’était un peu désagréable, mais sans être franchement insupportable. Cred lui avait expliqué que le sang de vampire agissait comme une drogue sans trop en préciser les effets. De seconde en seconde elle se sentait s’affaiblir, au bout d’un moment prise probablement d’un réflexe de survie elle s’agita vainement dans le carcan de fer des bras de l’italien. Enfin à sa bouche elle sentit le sang de son père, avidement elle le but, c’était bon, chaud, elle aurait cru trouver ça répugnant. Soudain elle se sentit brûlante, elle se rendit compte de ce qui stupidement semblait lui avoir échappé toute ces année, Cred était plus chaud que l’enfer.
- Je te veux… soupira-t-elle langoureusement.
Elle était trop faible pour l’attirer plus à elle en l’enfermant dans ses bras, pourtant vainement elle le tenta. Ses lèvres, sa langue, son souffle, elle voulait tout ça et plus encore. Ses cuisses étaient si chaudes et un peu moites à sa grande honte. Elle se calma cependant bien vite, une douleur aigue lui traversant le poitrail.
- J’ai mal !- Tout va bien ma douce.La main de Cred lui caressa les cheveux tandis que son corps frêle se convulsait et se tordait dans tous les sens. Puis soudain plus rien… Sans attendre elle se réfugia dans les bras de Cred qui l’embrassa sur les lèvres pour la première fois et la dernière fois de leur vie commune. Elle crut défaillir de plaisir.
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Etre vampire… Rien de plus grisant tous les jeunes vampires le disent. Alba ne déroba pas à la règle, sa nouvelle vie semblait fantastique. Les dernières douleurs de son traumatisme New-Yorkais se résorbaient, elle était heureuse et curieuse. Tous les jours elle apprenait de nouvelle chose, elle n’avait plus peur de dire des idioties en soirée. Les décennies passèrent la seconde guerre mondiale éclata et ils retournèrent aux USA où Cred lui fit réaliser un vieux rêve, il lui fit enregistrer une chanson, sa voix était encore plus puissante en tant que vampire. Le titre ne fut pas un franc succès en dehors des spécialistes. Ce n’était pas grave, Alba entendit son tube à la radio et elle savait une chose plus puissante ou pas, sa mère reconnaitrait sa voix si seulement elle allumait sa radio. C’était d’ailleurs une chanson d’excuse, de tout cœur elle espérait qu’elle l’entende. Elle avait songé à lui rendre visite, mais un vampire serait probablement à ses yeux une créature du démon, elle préférait qu’elle soit malheureuse un temps plutôt qu’elle devienne complétement folle.
La guerre finie les décennies passèrent, elle apprit à conduire une voiture, une moto, un bateau et même à piloter un avion. Elle parlait une vingtaine de langue, on la courtisait souvent, mais elle eut très peu d’amant, elle préférait étudier. Elle ne tuait quasiment jamais d’humain, son maitre lui avait appris la modération, chose essentielle pour rester saine et garder un esprit large. Puis Voldemort arriva, de nombreux vampires se rangèrent auprès de lui, ce que Alba ne comprit jamais, elle savait bien que ses gens méprisaient les vampires encore que plus que les gens de l’ordre du Phénix. C’était une sombre époque… Elle avait la soixantaine, elle était une vieille humaine et une jeune vampire. Cred et elle tentèrent de rester discret le plus longtemps possible, mais ils savaient qu’un jour ou l’autre un des mangemorts du Lord, ou peut-être même le Lord en personne viendrait chercher Tancredi, c’était un vieux vampire qui ne manquait ni de puissance, ni d’intelligence. Probablement qu’elle ne l’intéresserait, elle servirait d’otage ou de punition selon la réaction de son maitre. Elle savait qu’il ne laisserait personne lui faire de mal, il céderait. Il n’y avait qu’une solution… Se battre contre Voldemort.
Cred et elle n’avait pas une réputation de sanglant vampire, l’intégration à l’ordre du phénix ne fut pas si difficile. C’est à cette période-là que Tancredi lui apprit à se battre, il avait auparavant privilégié la formation intellectuelle, mais là ce n’était plus suffisant. Elle n’avait pas de baguette, comme un sorcier, il fallait bien qu’elle trouve des moyens de se protéger. Les moyens à leur disposition étaient leur force, leur agilité, leur rapidité et de possible connaissance en magie à défaut de la pratiquer. Ils espionnèrent surtout pour l’ordre. Alors qu’Alba s’enhardissait au combat. Cred craignait lui plus que tout, que de la perdre. C’est à l’Ordre qu’elle fit connaissance de Gary, un jeune sorcier de 27 ans. C’était un jeune journaliste curieux qui s’intéressait sérieusement à elle et à Cred, il voulait écrire un livre pour dénoncer la vision stéréotypée des vampires. Lors de leur première rencontre il lui avait serré très fort la main comme si il voulait la tester. Au fil des mois elle s’était habituée à ses questions incessantes, auxquelles elle répondait plus ou moins volontairement, c’était un petit malin sacrément audacieux.
Un jour il les convainquit de l’amener avec lui lors d’une mission. Cette nuit-là un vampire au service de Voldemort dut croire qu’il était un de leur familier car quelques jours plus tard Gary revenait transformé en vampire, il avait un message : dans 7 jours ils allaient mourir. Sauf que trois jours plus tard Voldemort tenta de tuer un bébé nommé Harry Potter et disparut. Gary resta avec eux, il se renomma Callixte, c’était un sang-de-bourbe à l’origine, il voulait quelque chose de plus glorieux. Son créateur fut attrapé et emprisonné pour crime de guerre.
14 ans plus tard Dumbledore annonçait le retour de Voldemort. Tancredi sans hésiter le crut, Callixte et Alba se rangèrent à l’avis de leur maitre. Alba n’avait jamais rencontré Dumbledore, mais Cred si. Deux ans plus tard ils étaient de retour dans l’Ordre du Phénix, il avait dit une fois non à Voldemort c’était suffisant pour savoir que se cacher ne résoudrait rien encore une fois, pas plus que la première fois. Alba croisa une fois le chemin de l’élu Mr Potter. En toute honnêteté ce n’était qu’un ado comme les autres, sans deviner exactement ce qui le rendait pourtant spécial, elle eut l’intuition que s’il avait une chance de vaincre le seigneur des ténèbres, c’était à cause de la tentative ratée d’assassinat de Voldemort. Quand Dumbledore mourut Cred paniqua un moment. Cet homme était grand, avec lui tout semblait possible, mais lui disparu, se reposer seulement sur un adolescent lui paraissait folie. Mais Callixte croyait dur comme fer à cette prophétie, Harry Potter les avait sauvés une fois de la mort, une nouvelle fois il renverrait le Lord dans les ténèbres, de façon définitive espérait-il. Une fois Cred calmé, les trois vampires continuèrent la lutte auprès de l’Ordre jusqu’au bout.
Mais loin d’être récompensés de cette fidélité sans faille, ils furent traqués comme les autres vampires et garou quelques années après la victoire. De « rares » sorciers les aidèrent en particulier Miss Granger à sortir du pays, mais ce fut tout. Oubliées leurs bonnes actions, ils n’eurent le droit à aucune mention dans les livres de J.K.Rowling cette pro-sorcière. C’était comme si ils n’avaient jamais existé. Leurs orgueils furent piqués à vif. Ils ne rejoignirent pas les autres vampires et garou, ils étaient des traitres à leurs yeux, mais qu’importe, de leur côté ils se battirent. Sans pour autant voir en chaque sorcier un ennemi, tous ceux qui les méprisaient le devenaient et ils n’hésitaient pas à tuer pour défendre leur honneur. Ils devinrent experts pour les extractions. Ils faisaient sortir des vampires et des garous de Grande-Bretagne, puis leur fabriquaient de faux papier pour une nouvelle intégration dans un pays un peu plus clément.
En 2012 eut lieu la révélation, en toute honnêteté mis à part Cal qui fut enthousiaste, Alba et Cred virent ça comme un danger, l’ombre était leur sécurité. Les vampires dans les contes étaient toujours méchants, les sorciers ça dépendait. Les deux aînés du clan n’étaient pas certain que de s’exposer au grand jour améliore réellement leur situation. Des groupes extrémistes naquirent, cette fois le trio préféra garder son indépendance, ils se battaient contre la Confrérie, mais n’intégrèrent pas la Ligue. Ils aimaient choisir leurs proies, entrer dans la Ligue leur semblait une contrainte à leur liberté. Puis surtout comme le répétait volontiers Cred à quiconque demandait son avis, il était beaucoup plus facile d’entrer que de sortir de ce genre d’organisation. De plus il savait que l’histoire n’était qu’une alternance de victoire et de défaite, personne ne pouvait garder le pouvoir éternellement. Il préféra la discrétion. Alba le suivit volontiers et Cal qui avait encore des amis sorciers vivant n’hésita pas non plus.
En 2014 le traité de Kensigton fit grincer les dents à Alba, pour elle c’était trop, plus le droit de transformer, mais quelle connerie ? Cred n’était pas plus tendre qu’elle à cet égard, loin de tenter de s’intégrer à la société ils s’en éloignèrent, ils s’occupaient des sorciers de la confrérie, c’était tout, avaient peu de contact avec tous les autres, mis à part quand c’était nécessaire. D’ailleurs ils n’étaient pas les seuls qui ne toléraient pas ces nouvelles lois, la tension était palpable. Raison de plus pour faire le minimum. Les humains commençaient à bien apprécier le sang de vampire de plus.
En septembre 2020 un événement traumatisa le trio, le massacre d’écolier. C’était affreux, intolérable, ils avaient échappé au pire en évitant la Ligue. Cal écrivit un article anonyme plein de désespoir publié à la fois dans un journal sorcier et un journal moldu. Son article imprimé dans de petite presse n’eut pas grand écho, mais cela leur fit du bien.
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On était en plein milieu de l’année 2030 quand elle fit la rencontre de son mari. Cred, Cal et elle avaient décidé d’attaquer un groupe de sorcier de la confrérie. A cause de conversations entendus grâce à des oreilles à rallonge ils savaient qu’ils avaient un prisonnier et avant que celui-ci ne finisse par mourir de ses blessures, le groupe décida d’attaquer par surprise. C’était Alba qui devait s’occuper du prisonnier, le trio avait jugé son visage plus rassurant. Il aurait été bête que le prisonnier l’attaque par peur. Leur but n’était pas de lui faire du mal. Quand Alba pénétra la salle où selon toute les suppositions ils gardaient l’homme, elle abattit deux sorciers qui étaient justement en train de l’interroger. L’homme était en train de réciter un passage en latin de la Bible (Le cantique des cantiques précisément), probablement pour garder ses pensées secrètes. Quand Alba s’agenouilla devant lui, il était vraiment dans un sale état, le nez cassé, des bleus, des plaies, la lèvre inférieure ouverte, probablement l’arcade sourcilière défoncée, il n’avait pas fière allure. Alba sans hésiter un seul instant s’ouvrit le poignet et lui fit boire son sang.
Peu à peu ses traits reprirent leur place habituelle et avec un chiffon qui traînait dans son sac -qu’elle imbiba d’eau- elle lui essuya doucement le visage, si son cœur eut battu il se serait arrêté un instant. L’homme qu’elle découvrait sous le sang était de loin le plus beau qu’elle ait jamais vu de sa vie. Nerveuse elle passa une main dans ses cheveux, mais tenta de rester normale. Le pauvre homme il avait suffisamment souffert, pour qu’une pauvre fille lui saute dessus. Rapidement elle le détacha. Il lui demanda si elle était un vampire, elle répondit que oui. Elle lui demanda son nom. Il lui demanda qui elle était et ce qu’elle faisait là. Les sourcils froncés elle lui répondit, avant de préciser avec du sarcasme dans la voix si il était sourd. Cela ne lui plaisait pas qu’il snobe sa question, elle venait de le sauver tout de même. Gian, il s’appelait Gian, attendrie, elle lui demanda calmement où il voulait aller. Il ne répondit rien, il semblait gêné, elle remarqua qu’il tentait de cacher son sexe. Ses lèvres s’entrouvrirent sous l’étonnement de ne y avoir point pensé. Elle le rassura expliquant que ce n’était que le sang, elle lui promit que ce n’était rien. Il n’avait pas à être gêné pour ça. Le pauvre était un prêtre en plus, ça ne devait pas lui être souvent arrivé.
Elle l’aida à le relever, puis elle appela son frère et son père. Cal eut un sifflement d’admiration en voyant Gian. Elle lui lança un regard noir quand il souligna qu’à cet instant précis, c’était elle qui avait l’air d’un homme entre les deux. D’accord elle ne portait que de simples petits anneaux aux oreilles, ok elle avait des traits carrés, mais franchement quel abruti. Normal qu’il n’arrive pas à garder une copine plus que quelque semaine, c’était un indélicat. Cred proposa à nouveau de le déposer quelque part. Il demanda à ce qu’on le dépose dans le village le plus proche. Ils essayèrent, mais la tentative se révéla être un échec, les sorciers lui avaient lancé un sort afin qu’il ne puisse pas fuir. Sitôt passé un certain périmètre une douleur insoutenable lui emplissait le crâne.
Après concertation les chasseurs décidèrent de rester sur place, le sort n’allait pas durer éternellement. Cal et Cred partirent faire des courses. A leur retour Alba apprit discrètement qu’ils avaient découvert l’identité complète de leur petit protégé, c’était un Borgia. Voilà donc pourquoi il était resté vivant, le sorciers avaient dû imaginer pouvoir le transformer en monnaie, contre un peu de répit ou l’un des leurs. Cal tout excité du statut de leur homme n’hésita pas à lui proposer de rejoindre la bande, signalant qu’il leur manquait un humain et promettant qu’il ne se retrouverait pas à devenir un simple larbin. Toute la soirée elle dévora du regard leur invité et sans doute pas très discrètement, car dès le lendemain Cal proposait de s’éclipser avec Cred pour lui laisser le champ libre. La proposition la fit sourire. Elle retirait ses pensées, Cal n’était pas complètement indélicat. C’était stupide elle ne le connaissait pas du tout, il était juste terriblement séduisant. Après une douche elle enfila un t-shirt noir, une mini-jupe en jean et des bottes à talon. Ses jambes son meilleur atout était ainsi mis en valeur. Elle proposa de lui faire à manger, il accepta, ils parlèrent de la Bible, puis elle lâcha qu’elle savait qui il était, elle n’aimait pas mentir. C’était une mauvaise idée, cela ne fit que le raidir. Persuadée de n’avoir plus une chance, elle l’embrassa et s’enfuit. Les jours suivants elle préféra éviter de lui parler. Elle avait l’impression d’avoir agi comme une stupide fille en rut.
Au bout de 5 jours il était quasi certain que le sort était levé, à son grand étonnement Giovanni (c’était son prénom en entier) lui proposa de le raccompagner. Alba opina, probablement qu’il tentait d’arranger un peu les choses avant de les quitter. Sur le chemin la vampire expliqua qu’heureusement que le sort était levé car le trio commençait à avoir un peu faim. Gian lui fit remarquer, qu’il avait toujours une dette vis-à-vis d’elle. Il lui proposa de boire son sang, quand il ouvrit sa chemise Alba sut qu’elle ne pourrait résister. Après lui avoir fait boire une goutte de son sang elle le mordit. Son sang était délicieux, il était vierge, elle s’en doutait mais à présent elle en avait la certitude. Même si elle sembla se détacher facilement, il lui fallut prendre sur elle pour ne pas le vider. Les lèvres enfin décollés elle remarqua que le prêtre lui avait enserré la taille. Incertaine de pouvoir se contrôler elle s’écarta. Puis finalement elle ne se contrôla pas et l’embrassa une seconde fois. C’était incorrect de sa part, elle le fit remarquer. Un moment ils discutèrent de ce qu’ils souhaitaient, elle ne voulait pas le forcer et qu’il ait du remord. Au bout de longues hésitations, ponctuées de gestes tendres et de baisers plus fougueux ils finirent dans le même lit. La passion se mêla à la tendresse et quelques semaines plus tard la vampire se savait amoureuse.
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5 ans plus tard il la demanda en mariage en Ecosse avec une jolie
bague, il fut transformé par Tancredi car les unions inter-race étaient interdites encore à l’époque. Les années passèrent tranquilles, ils chassaient, avaient parfois des moments de pause, se séparaient rarement plus de quelques mois. C’était une petite famille, mais une famille très soudée. En 2114 Callixte fit la rencontre d’une humaine, le gamin qu’il était changea radicalement. Il était très amoureux d’elle. Comme toujours Cred souhaitait attendre quelques années avant de la transformer afin que tout le monde soit certain que ce soit la chose à faire et non un coup de tête.
Tout aurait pu être parfait, mais ce ne fut pas le cas, un accident arriva Katel la compagne de Callixte se fit mordre par un garou. Le groupe soupçonna le maitre de Cal qui accomplissait ainsi sa vengeance. Lors de de la deuxième guerre contre Voldemort il avait été libéré et avait finalement disparu, jusqu’à aujourd’hui. Le groupe n’avait pas de preuve, mais voyait mal qui d’autre pouvait lui en vouloir et c’était un trop gros hasard. Cal bien que très malheureux à l’idée de ne pas pouvoir passer l’éternité avec sa belle décida de quand même l’épouser, malheureusement le mariage inter-race était interdit. Ca le rendit furieux et début janvier 2119 il publia des articles toujours plus virulents contre les principales personnes anti-mariage inter-race. En bonne place il y avait la famille royale irlandaise, il les accusa de consanguinité, de mœurs légères et déclara qu’il n’avait pas à laisser de tels personnages décider d’avec qui il ferait sa vie. Son côté militant qu’il avait en étant jeune sorcier était en train de renaitre. Tout cela il le fit dans leur dos sur internet, Cred, Gian et elle n’avaient rien pu faire avant qu’il soit trop tard. Alors qu’il sortait avec Katel, ils se firent tous les deux arrêter. Contre Katel ils n’avaient pas grand-chose, elle fut vite relâchée, mais pour Cal on lui trouva très rapidement des crimes très graves qu’il n’avait pas commis.
Cred père aimant vola au secours de son garçon, un moment Alba eut espoir que la situation se calme, mais ce ne fut pas le cas. Jamais elle ne sut ce qui s’était dit dans les geôles royales, mais son père et son frère furent condamnés à mort. Alba crut sentir son cœur exploser en apprenant la nouvelle. Immédiatement elle attrapa des armes bien décidée à aller les récupérer elle-même. Les premiers jours de leur rencontre elle l’avait dit à Gian, on n’abandonnait jamais un des leurs. Jamais et elle ne comptait pas changer maintenant. Sa famille avait plus que jamais besoin d’elle. Elle allait rejoindre Katel, c’était elle qui l’avait prévenue. Elles attaqueraient toutes les deux. Il lui restait de la poudre de cheminette, elle serait rapidement sur place. Gian pénétrait la pièce où elle se trouvait lorsqu’elle reçut un second appel de Katel, elle s’était trompée, ils étaient déjà morts. La vampire martela une table de bois du poing.
- Je vais le tuer Gian…Son parfum lui avait fait comprendre qu’il était dans la pièce. Aucune pensée logique, même pas un début de plan, mais elle allait les détruire. Là maintenant, avant que la rage qui envahissait ses veines ne se dissipe. Elle allait tuer le Roi d’Irlande et qu’importe qu’elle meure après de toute façon elle avait envie de mourir, elle les aimait tellement. Cred lui avait sauvé la vie, Cred lui avait tout donné. Sans lui elle se sentait comme vide. Toujours elle avait promis à Cred de veiller sur le fougueux Cal et lamentablement elle avait échoué. Elle hurla hystérique et balança la première chose qui lui tomba sous la main, elle ne savait même pas ce que c’était. Elle s’en fichait complètement. Gian l’attrapa par les épaules, la priant de se calmer et expliquant que de partir maintenant n’était pas une bonne idée. Elle lui lança un regard noir d’incompréhension, c’était son père aussi, c’était son frère.
- Comment tu peux rester si calme ? Tu n’as pas de cœur ?Gian s'approcha d'elle l’air désespéré pour la prendre dans ses bras, puis il la serra très très fort contre lui. Un instant elle se calma, jusqu’à ce qu’il parle.
- J'ai plus que toi, va pas te faire tuer toi aussi.- Je ne pourrais plus me regarder dans un miroir si je ne fais rien, s’emporta-t-elle.
- On ne peut plus les sauver, ça ne sert à rien de se précipiter. Cred n'aurait pas voulu qu'on se suicide pour lui.Gian disait vrai. La colère retomba, laissant place au chagrin, elle se mit à pleurer, Gian aussi, il la laissa faire contre son épaule. Au bout d’un moment il lui signifia qu’il valait mieux partir, il n’avait pas tort. Alba expliqua qu’elle avait de la poudre de cheminette de leur dernière expédition. Mutuellement ils s’essuyèrent les larmes, ils se promirent de venger Cred et Cal. Dès qu’ils eurent pris le strict nécessaire, ils partirent.
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Ils se firent d’abord oublier, puis ils voyagèrent et travaillèrent dans le monde entier sans doute un peu suicidaires (ils posèrent même un moment leur valise en Asie). Les convictions d’Alba se radicalisèrent, elle n’hésitait plus à tuer un vampire ou un garou s’il soutenait les sorciers. Maintenant 44 ans ont passé et il est temps d’accomplir leur vengeance.