Et voilà donc une journée des plus banales pour moi depuis plus de sept mois que j’avais ma boutique sur le Chemin de Traverse… Le réveil avait sonné à trois heures du matin, je m’étais levée avais vite pris une douche et puis j’étais descendue à la boutique, enfin plutôt dans l’arrière-boutique pour être en cuisine et préparer toutes les petites choses que je devais faire en dernière minute pour pouvoir ouvrir la boutique. Regardant la date du jour, je souris en soupirant doucement, c’était un jour important, j’allais voir Ruby ce soir… ma détective privée ou mon amie! Malgré son abandon ou plutôt sa disparition soudaine, je continuai à le chercher, je voulais le revoir et comprendre ce qui c’était passé pour qu’il sorte ainsi de ma vie. Mes sentiments à son égard étaient plutôt confus, mais j’avais besoin de comprendre. Enfin, j’essayai de me sortir tout cela de la tête en travaillant le chocolat. J’avais eu une nouvelle idée pour des pâtisseries sympas que les enfants allaient adorer. C’était un genre de muffin à la fraise tagada pétillante. En fait, j’étais chanceuse parce que ma pâtisserie plaisait au plus grand nombre. Il y avait de la magie, mais pas dans tout et puis c’était de la magie à petite dose. Il y a deux catégories dans ma vitrine, un côté magique et un côté non-magique pour les moldus que la magie effraie énormément. Il faut se faire à son temps… et pour cela, il faut accepter la crainte que les moldus ont parfois des sorciers.

Dans ma cuisine, je dansais en rythme de la musique que crachait ma radio tout en cuisinant et en chantant! J’adorais ces heures passées ici, loin du monde, dans mon monde. C’était mon petit univers sucré et plein d’invention… J’avais trouvé ma vocation, ça ne faisait aucun doute. A six heure trente, j’ouvrais la boutique : les croissants et les pâtisseries étaient chauds, le café était prêt à être tiré, la boîte à thé était pleine. Un sourire aux lèvres, j’ouvris en attendant les premiers clients qui partaient travailler. Et ils ne se firent pas attendre très longtemps. Depuis l’ouverture, je m’étais fait une jolie clientèle d’habitués. Les gens, principalement des sorciers mais quelques moldus aussi, s’arrêtaient chez moi pour prendre un café et un petit quelque chose à grignoter en route. Je connaissais leurs habitudes et le service étaient rapide. Et bon, il faut avouer que mes pâtisseries sont les meilleures… et ce n’est pas moi qui le dis. Ce fut une journée bien chargée. Une fois l’heure du lunch passé, je commençais à me faire impatiente! J’avais vraiment hâte que tout se termine pour aller rejoindre Ruby dans son bureau. Elle devait me donner les dernières infos trouvées et puis m’emmener manger au restaurant! La boutique fermait à dix-sept heure et j’avais tellement hâte. Mais comme d’habitude, quand tu as hâte de partir… et bien tu ne peux pas. J’eus un groupe d’enfants qui arriva cinq minutes avant la fermeture! Levant les yeux au ciel, je les laissais quand même débattre pendant dix minutes de ce qu’ils souhaitaient et puis ils finirent par choisir une petite pâtisserie qu’il voulait partager à trois. Les trouvant adorable, je le leur coupais en trois parts égales et puis je rajoutais discrètement trois petits chocolats au lait fondant. Les suivant tranquillement quand ils sortirent avec leur petit paquet, je fermais la porte et je souris tendrement quand je vis leurs yeux briller quand ils ouvrirent la petite boîte et qu’ils découvrirent le supplément. Ils se retournèrent et me firent un grand sourire avant de s’enfuir en riant. Une fois tout fermé, je remontais dans mon appartement pour me changer.

Pour une soirée entre copines, j’avais pas vraiment besoin de me faire hyper sexy. J’optai pour un jeans taille basse et un pull à col roulé noir et un long manteau rouge vif! Je sortis ensuite de mon appartement pour me rendre au bureau de mon amie. J’avais rendez-vous autour de dix-huit heures trente et j’étais un peu en retard comme d’habitude. C’était une horreur mais la seule chose pour laquelle j’arrivais à être parfaitement à l’heure était le boulot… tout ce qui était hors de la pâtisserie, j’étais toujours en retard. Mais elle allait pas m’en vouloir, j’étais son dernier rendez-vous. Arrivant devant son bureau, je pris une grande inspiration. À vrai dire je stressais à mort… j’avais peur qu’elle n’ait aucune info intéressante sur lui et puis… je stressais aussi qu’elle en aille. Parce qu’au fond, il avait peut-être une bonne raison de disparaître du monde que je lui connaissais. Je frappai à la porte et entrai dès qu’elle me dit de rentrer. Souriante, j’allais l’enlacer après un baiser sur la joue puis je m’asseyais sur le siège en face d’elle.

Comment tu vas? Ça me fait plaisir de te voir, ça faisait un moment…

Un sourire aux lèvres, j’étais vraiment heureuse de la voir. Cela faisait déjà quelques temps que je ne l’avais pas vue et j’étais contente de pouvoir passer cette soirée avec elle… Une petite récréation dans ma vie qui allait trop vite mais que j’adorais quand même. Mais là, je ne voyais pas la soirée que j’allais passer mais plutôt l’instant présent où j’allais peut-être enfin découvrir la vérité.

Alors? Tu as réussi à avoir des infos?

C’était une belle soirée, j’étais heureuse de la voir. Je ne l’ai pas sentie tout de suite se raidir légèrement lorsque je la serrais contre moi. Et je remarquai qu’elle avait un sourire un peu étrange, mais je n’étais sûre de rien, alors je faisais passer cette légère impression au stress que j’avais à l’idée d’avoir des nouvelles de lui. Je restai debout encore un instant. Je la regardais et perdis légèrement mon sourire. Elle me dit quelques mots en ne me révélant rien du tout et puis pouf, il fallait qu’elle aille au toilette et elle disparaissait de ma vue après avoir ramassé des papiers sur son bureau. Je fronçai légèrement les sourcils et je regardais la porte de la salle de bain. Qu’est-ce qui se passait? J’haussai les épaules et m’assit sur le coin de son bureau en repoussant quelques feuilles de papier. Elle tire la chasse, je souris, je vais enfin avoir des nouvelles. Puis, elle tire une deuxième fois la chasse, il se passe quoi là? Et puis soudain, sa voix s’élève, elle s’excuse et me dit qu’elle a mal au ventre, qu’elle a abusé de bonbons sûrement périmé. Est-ce qu’elle se fout de ma gueule? Je me relève et me dirige vers la bibliothèque de son bureau, je regarde un peu les quelques livres qu’il y a ici. J’espère tellement qu’elle l’a retrouvé. Et si ce n’est pas le cas? On pourrait toujours se bourrer la gueule entre amies pour une petite dépression.

Et alors? Tu n’as qu’à parler depuis les toilettes… tu l’as retrouvé?

Je soupire doucement puis vais m’asseoir sur son bureau. Lorsque je me relève, je fais tomber quelques papiers et je me baisse pour les ramasser. Je lis des noms sans vraiment faire attention et puis la dernière page est une photo, je la prends entre mes doigts et l’observe. Il y a une tache étrange et très sombre sur le sol et puis il y a un homme debout à côté de la tâche. C’est un homme, plutôt mignon d’ailleurs. Et puis je suis éberluée. Non. Ce n’est pas possible. Elle l’a retrouvé. Je me relève, pose le reste des papiers en vrac sur le bureau et puis je m’assieds sur le siège qui fait face au sien, de l’autre côté du bureau. Je l’écoute parler tout en détaillant la photo que j’ai dans les mains, le premier regard était juste un coup d’œil. Je regarde son visage, il est toujours aussi beau mais le sourire qu’il a sur son visage me met légèrement mal à l’aise. Je ne sais pas pour quelle raison exactement, mais je le trouve presque malsain. Je regarde ensuite ce qu’il porte, son allure, il a changé de style, il est habillé très sombrement avec des choses pratiques, enfin c’est l’impression que j’ai. Je passe doucement mes doigts sur la photo, je suis heureuse. Me mordant la lèvre, je regarde le reste de la photo pour définir où il se trouve. Et puis, c’est à ce moment-là que je remarque quelque chose. Ce que j’ai décrit avant comme une tâche sombre n’en est pas une. C’est un corps qu’il y a dans le coin de la photo… un corps sans vie, enfin c’est, l’impression que cela donne. Je reste bloquée sur cette image. Non… c’est impossible.

Soudain, la porte de la salle de bain s’ouvre et je pousse la photo sur son bureau sous un papier. Je n’ai rien vu, c’est impossible. Ce n’est pas ce que je crois. La porte de la salle de bain s’ouvre et je repose la photo à l’envers sur son bureau. Je la regarde un sourire faible aux lèvres.

Alors? Fais pas durer le suspense plus longtemps… J’ai besoin de savoir ma belle. Ça fait tellement longtemps que je me pose des millions de questions. Il est où?

Légèrement stressée, j’attends sa réponse. J’ai vu la photo, mais elle me dira sûrement que ce n’est pas un tueur, il est arrivé plus tard. Oui, c’est sûrement ça, c’est lui qui a trouvé le corps et appelé les autorités. Il est sûrement en Irlande, c’est un lieu sûr pour les sorciers comme nous. Il était en danger et il a dû fuir ou il a peut-être simplement suivi ses parents. Qu’elle crache le morceau, j’en peux plus.

« - Dehors. »

« - Dehors. Maintenant. Ne revient plus. »

« - Tout ce que tu dois savoir, c’est que tu dois mourir, tu es un monstre. »

« - Je t’ai dit de dégager de mon bureau. Maintenant. »

« - Je te conseille de partir. Maintenant. Si tu ne veux pas que le second coup qui part soit dans ton cœur. Ne pense pas que tes petits sortilèges puissent arrêter mon arme. Elle est faite pour que les gens comme toi n’usent pas de leur magie impure sur les gens corrects et sans histoire. En plus tu tâches mon sol. Le sang est fort tâchant et il est très difficile de le retirer. »

« - Tu auras peut-être une chance de survivre, si tu pars maintenant. »