L’amphithéâtre est vide. Abandonné de tous. De l’autre côté de la lourde porte en bois, elle entend les rires des élèves, les éclats de leurs paroles, mais aucun mot ne traverse les murs. Simplement un brouhaha incohérent et insaisissable. Le regard lointain, elle joue dans le clair obscur de la scène. Un pied dans la lumière du projecteur, l’autre dans l’obscurité. Son regard un peu hagard fixe une foule invisible. On pourrait la penser sous l’une de ses substances soit disant interdite, mais qui rodent ô joie ô délice dans les couloirs de l’école. Par ici il y a cours jours et nuit. Cependant là l’amphi est vide depuis une heure. Une heure déjà qu’elle est là fixant la salle vide. Finalement elle semble craquer et se laisse tomber sur le sol, elle s’allonge même, ses cheveux roux auréole son doux visage fatiguée. Son cœur s’emballe. Elle ne sait pas vraiment ce qu’elle fait ici. Les autres sont tous partis, elle aurait devrait partir et s’en aller. Cependant ses pieds étaient comme du plomb, fixer sur le sol. Perdue, elle est perdue en dehors de cette scène. Ici tout est illusion, elle le sait très bien, il suffit de jouer, d’être un personnage, d’être n’importe qui, tout sauf elle. Dehors, elle est elle-même. Cette fille qui vient de se faire rejeter par sa meilleure amie, sa sœur. Du moins elle le pensait. Tu parles.

La gifle en elle-même ne lui a pas fait mal. Sa joue est brulante, mais ce n’est rien comparer aux mots accusateurs de son amie. Elle ne comprend pas, pourquoi est-ce que Rose pense que c’est elle qui a fait courir cette stupide rumeur ? Quelle rumeur de toute manière ? Elle a mal, sa joue lui brûle. Les autres autours des deux filles leur jettent des regards moqueurs, voir méprisants. Ils aiment les scènes de conflit. Luna se fait toute petite, d’habitude elle répond avec hargne et cruauté sans s’inquiéter des conséquences. Sauf qu’avec Rose il y a toujours des conséquences. Une pointe de culpabilité pointe dans son ventre. Après tout elle aurait peut-être sortie que Rose n’était pas faite pour l’école et qu’elle devrait aller ailleurs. Pas qu’elle devait se tirer à tout prix ou elle ne sait trop quoi. Elle avait juste lâché du bout des lèvres que Rose devrait peut être changé d’école, changer de chemin tout simplement. Puis les rumeurs ont fait leur chemin, elles ont grossit, elles se sont déformés et puis bien entendu la petite phrase lâché d’une manière si innocente, sans aucune arrière pensée est devenue un monstre atroce menaçant leur amitié.

Elle a peur. Voilà la raison pour laquelle elle ne quitte pas cet amphithéâtre. Elle a la boule coincée dans l’estomac. Elle ne va pas aller à nouveau dans son dortoir, ne savant pas trop où aller. Bien, le sol n’est guère confortable. Elle pousse des petits gémissements douloureux en se relevant. Tout son corps est endolori. Dire qu’il y a une heure à peine elle était Cordélia, appelant à la pitié de son père, lui disant qu’elle était la seule fille qui l’aimait sincèrement. Contrairement à ses deux sœurs qui préfèrent glisser des paroles doucereuses qui sont là que pour satisfaire l’égo de leur père. Maintenant n’est plus qu’une orpheline qui ne sait rien de son passé. Elle s’étire comme un chat. Des pas se font entendre. Elle se retourne précipitamment. Alors ce que lui disait son instinct était bien vrai. Elle avait cru sentir quelqu’un, mais dans cette école on se sent tout le temps observer. Il y a toujours des yeux baladeurs et si ce ne sont pas des yeux ce sont des caméras. Personne ne la croit au sujet des caméras, mais elle est persuadée qu’ils en ont planqué dans toute l’école pour les observer et ensuite faire des choses…étranges.

« - Vous auriez dû me dire que vous vouliez la salle au lieu de m’observer comme ça. Vous êtes carrément flippant là, on dirait une sorte de pervers sexuel ou un tueur en série qui observe sa proie. »

Sa voix douce contraste avec le ton plutôt étrange de ses paroles. On pourrait croire qu’elle essaie d’engager la conversation sur un ton humoristique. Elle le pense vraiment. Elle se méfie des gens par ici, surtout de ceux qui observent ainsi comme ça de loin.