Once upon a time Écrivez votre histoire ici. Un minimum de 1000 mots est demandé.
Ils avaient tout. Des parents présents, qui les ont aimés jusqu’à leur dernier souffle. Un passé joyeux composé d’une enfance exceptionnellement douce et raisonnable, d’une scolarité enrichissante et d’aventures amoureuses palpitantes. Une en particulier, la leur.
Ma mère était secrétaire dans les médias durant sa jeunesse et mon père, généreux – et séducteur – journaliste l’a engagé pour être son agent personnel. Vous devinez la suite de l’histoire, non ?
Ils avaient tout. Tout pour être heureux et croyez-le, ils ne se sont pas privés d’en profiter. Jusqu’au bout. Infiniment. Quand bien même quelques obstacles ont empiétés sur leur chemin, ils ont su les surmonter. Ils font partie de ces gens que l’on croit sans aucun problème… Parfois il arrive que ces mêmes personnes que l’on pense intouchables soient les plus abimées. Mais ils supportaient tant les souffrances, qu’ils ont été heureux. Jusqu’au bout.
Ils avaient tout. Ils m’ont eu moi. Malgré leur monde magique, leur atmosphère toujours extraordinaire et embellie de sorts, de poudres fantastiques et autres sortilèges incroyables, ils m’ont eu et m’ont aimé.
Moi, Aodhán,
incapable d’être comme eux : un sorcier.
Vous l’aurez compris mes parents étaient des gens simples dans le sens ou ils prenaient à bras ouverts les cadeaux de la vie et si celle-ci leur donnait des coups – ce qu’elle fait sur tout le monde qu’on ne rêve pas – ils savaient s’en remettre. Mieux que personnes. Généreux, sages, bons vivants, droits, justes…oui j’idolâtre un peu ces deux êtres mais quel enfant n’agit pas ainsi ? Question stupide, il y en a. Et bien ce n’est pas mon cas, faites-vous une raison : ils étaient tout pour moi.
Je suis fils unique, au grand regret de mes parents qui auraient aimés avoir d’autres enfants, ainsi va la vie. J’ai été chéri autant que possible et n’ai jamais manqué de rien. Sauf ; de magie. Évidemment.
Petit à petit mes parents – descendants de sorciers également – ont du se détacher de ce monde exclusivement réservés aux leurs pour s’ouvrir à celui des moldus. Comme ils disent. Jamais ils n’ont manqué de respect pour les gens comme moi – ou pour les moldus purs – et au contraire ont doucement mais surement vu une passion naitre pour cette autre culture. Si proche de nous – d’eux – et en fait si loin jusqu’alors ;
Je me souviens que mon père m’a dit, plusieurs fois
« Sans toi nous n’aurions pas ouvert les yeux sur ces gens. Nous étions fermés d’esprit et c’est essentiel de le réaliser. Quel que soit le sujet, le débat, n’oublie pas qu’il est indispensable de s’ouvrir. C’est s’améliorer. C’est grandir, infiniment. Tu nous as permis ça, tu es notre richesse. »Loin de me faire culpabiliser quand à mon statut de cracmol, mes vieux ont eu le comportement inverse. Ils m’ont remercié d’être différent, de leur apporter ce soit disant supplément d’âme.
Cette fragilité qui fait ma force aujourd’hui.
Enfant assez nerveux, sans arrêt en train de bouger et avec de bons problèmes de concentration, j’ai quand même réussi à pousser mes études jusqu’à la majorité, et plus encore. Il faut dire que si mes défauts – la curiosité, la grande gueule, le gout de l’impertinence et la répartie – m’ont souvent poussés dans le bureau des directeurs d’établissement, je me suis toujours arrangé pour que mes notes ne soient pas prétexte à m’exclure. De plus, je suis relativement malin. N’allez pas penser que je faisais toujours porter le chapeau à quelqu’un d’autre, seulement… les camarades de classe que j’appréciais le moins ont souvent eu bon dos. Je le reconnais.
Futé, vif d’esprit et le premier à rire du ridicule des autres, il a bien fallut que je me prenne une – ou deux – claque(s). Mon père a su cerner à temps ce côté impertinent de ma personnalité et m'a recadré à coup de sermons interminables et exemples clairs. J’ai compris mes erreurs et appris à me maitriser ;
Je reste fourbe si on me cherche, sarcastique et amateur d’humour noir, mais je suis quelqu’un de sympathique : pas de doute là-dessus…
L’arrivée à l’âge adulte s’est bien passée. Après tout, ce n’était que l’arrivée. Les premiers émois, les premiers frissons, les premières fois. Sans aller jusqu’à dire que j’étais un jeune homme à succès, je n’étais pas malheureux en amour et mes parents ont pris l’habitude de me voir avec une petite amie au bras. Rarement la même plus de six mois d'affliés ceci dit…jusqu’à
elle.
Elle. Sombre mais éclatante de lumière ; pétillante et pourtant plus terne que la rancœur ; cruelle et incarnation même de la douceur si elle le décide. Evely.
Nos parents se connaissaient…nos parents se détestaient. Les siens n’ont jamais pu supporter le respect que d’autres sorciers portaient pour les humains, les simples humains dénués de pouvoir et de magie. Des gens extrémistes et intolérants, des gens fermés d’esprit contre lesquels mon père m’avait tant mis en garde. Ils étaient noirs, intransigeants et violents. Je les craignais. Mais il y avait quelque chose de bien plus fort que cette peur des sorciers ;
Tous mes amis, camarades et fréquentations étaient effrayées à l’idée de s’approcher d’un sorcier. Mais moi, du haut de mes dix-huit ans, j’avais toujours vécu avec…puisque j’étais leur enfant. J’avais peur des parents d’Evely mais mon courage portait son prénom : j’étais fasciné par cette fille. Sa beauté était incomparable, son sourire me transportait et chaque pas qu’elle faisait pouvait me guider où bon lui semblait. J’aurai tout fait pour elle.
N’est-ce pas là, le drame d’un homme amoureux ? Toute sa perte, sa fierté et sa perdition mêlées ?
Il y a 14 ans :« …c’est de ma faute. » Ma main courait librement contre sa joue, dessinant sa fine mâchoire pour rejoindre son cou.
« Et je suis sûr que tu ne me dis pas tout. Ils t’engueulent je veux bien te croire j’ai l’impression qu’ils ne savent faire que ça, mais s’ils te punissent ou te font un chantage quelconque je…je ne supporte pas cette tension Evely ! Tu sais quoi ? Je vais aller voir ton père. »Sa main vint s’emparer de la mienne alors que ses yeux s’emplissaient de larmes, je ne pus m’empêcher de me mordre la lèvre en culpabilisant.
« Surtout pas, je t'interdis d'aller voir mon père ! Il a été clair il ne veut plus me voir avec toi, mais je m'en fiche de son avis je fais ce que je veux de ma vie et je veux être avec toi ! Mais je t'en prie...il va te tuer. » « Tu crois que j’ai peur ?! » Incapable de dissimuler clairement mes appréhensions, je lui posais la question avec nervosité. Haussant les épaules, je préférais finalement couper court à une conversation inutile et sans solution. Je l’aimais. Mes bras s’ouvraient pour l’enlacer et un soupir certes exaspéré mais entêté s’échappait d’entre mes lèvres.
« Eh, ne pleures pas. Je serais tranquille, tu as raison, autant éviter de l’énerver. Ça ira…ils n’ont pas le choix, ils finiront par s’y faire, hum ? » Mes lèvres vinrent retrouver les siennes et ce contact savoureux avait, à l’époque, le don de me faire oublier tous mes ennuis ;
Néanmoins, les choses auraient été beaucoup trop simples si nous en étions restés là. Un conflit d’opinion, une mésentente entre parents…ce n’était rien. Nous aurions supportés ça, j’en suis presque sûr.
Mes parents étaient anxieux de me voir fréquenter cette fille bien qu’ils faisaient leur possible pour être accueillants avec elle. Ils savaient que je l’aimais, ça suffisait pour faire des efforts, pour me faire plaisir. Je leur serais éternellement reconnaissant d’avoir été compréhensifs ; le problème est autre : cette relation avec Evely a créé chez eux une sorte de paranoïa. Depuis toujours – de ma petite vie – des moldus étaient tués. Des sorciers trop indulgents avec eux étaient mystérieusement kidnappés. Des crimes étaient perpétrés au nom d’on ne sait quelle justice fermée… c’en était trop pour mes vieux. Entourés de leurs amis – sorciers, vampires et même loups-garou – ils commencèrent à mener plusieurs combats contre les sorciers les plus mauvais – d’après leurs critères.
J’étais écarté de tout ça. Mis à l’écart et très très peu informé. Je ne comprenais pas, trop de choses m’échappaient et ils en oubliaient leurs intentions premières à mon égard : me respecter et m’ouvrir aux deux mondes ;
Ce qui devait arriver, arriva. Evely et moi étions fiancés, nous avions vingt-trois ans à peine mais ce que je ressentais pour elle à cette époque, je ne l’ai plus jamais ressenti. Pour personne. J’aurai tout donné pour cette femme, jusqu’à ce jour. Mes parents ont été retrouvé assassinés, quelques semaines après que le corps de la mère d’Evely ait été retrouvé sans vie ;
Le début de la fin. La jeune femme était totalement méconnaissable depuis ce drame – je mettais du moins son changement de comportement pour un deuil insoutenable – et ce fut à mon tour de changer. Nos opinions devinrent différentes, pour ne pas dire opposées. Contradictoires. Ennemies.
Il n’y a pas eu besoin de disputes, de mot plus haut que l’autre ou de violence. Les regards suffisaient. J’aurai tout donné et pourtant, il fallait que je venge mes parents, elle ne pouvait soit disant pas supporter ma motivation. Parler du décès de sa mère était impossible, fermée à double tour, ma fiancée devint inaccessible. Nous prîmes ces deux chemins, antipodes.
Il y a 9 ans :« Je suis sincèrement désolé…Evely ! Écoute, tu n’me regardes même plus quand je te parle ! Je sais très bien que tu me fuis, ça fait des semaines que ça dure. Je ne sais pas ce qu’il te faut. Du temps ? Tu as besoin de temps pour avaler ça ? Moi il faut que je venge ma famille. Je ne peux pas supporter de rester sans rien faire. Un monstre a tué des êtres fantastiques, je lui ferais payer. Je…te souhaite de te remettre. Vraiment. » C’était tuant. M’arracher à elle, la voir se séparer de moi en silence, tuer ce que nous avions construit et tout ce que nous avions à l’esprit…c’était tuant. Peut être que depuis, je suis mort.
« Je t’aime…au revoir. »J'ai eu un peu de mal à être accepté parmi les chasseurs. Franchement, à quoi vous attendiez-vous ? Je ne suis peut être pas en mesure de jeter le moindre sort, mon sang est composé de ceux de deux sorciers. Il a fallut que je sois convaincant et pour y parvenir, mes défauts sont revenus à moi.
Répartie. Fourberie. Malice. Subtilité. Malignité.
J'ai honteusement menti, sur toute ma vie. J'ai raconté, partout - dans les tanières des extrémistes humains, vampires et loups-garou - qu'étant né cracmol j'avais été élevé comme un poids. Le pire des fardeaux. Une humiliation. J'ai fait passer mes défunts parents pour des gens sans cœur qui ont eu honte de leur gosse et plutôt que d'avouer que je voulais simplement tuer les sorciers extrémistes : je racontais vouloir tous les abattre, pour me venger moi.
...Je le raconte encore. Aux yeux de tous mes contacts, je suis le fils sans magie qui a été mal aimé. Qui a été fuit et persécuté, qui veut se venger. Il n'en est rien... Je pleure de déception envers moi même, je n'ose plus me regarder dans une glace. Mes parents doivent être bien malheureux de là haut...Mais bientôt, je les vengerais.
Encore faudrait-il que je sache toute l'histoire.
La mère d'Evely est morte, assassinée, car considérée comme extrémiste, radicale et criminelle. La mère d'Evely a été tué par
mes parents. Et Evely même, a tué les miens.
Ainsi va la vie,
Un jour viendra,
Je saurai tout ceci,
Un jour viendra il sera temps pour
notre combat.